Skip to main content

Que représente pour un enfant le fait de prendre part à une rencontre créative, d’être invité à une nouvelle expérience artistique ? Pourquoi est-ce si important pour chaque enfant ?

J’ai eu le privilège récemment d’entendre Yo-Yo Ma, le grand violoncelliste, parler et jouer et il a fait référence à ce qu’il appelle l’hospitalité culturelle. Il y voit la capacité (et même l’obligation) des arts à accueillir ce qui est nouveau, innovant et hors des sentiers battus, ce qui est marginalisé, non entendu et ignoré… Selon lui, c’est notre tâche, en tant qu’artistes, d’être ouverts à ces voix, formes et techniques et, ce faisant, de nous autoriser à changer.

Cela m’a rappelé ce que signifie être un hôte et ce que signifie être un invité. Et l’un des éléments les plus importants des deux côtés est la qualité de l’écoute, la volonté de sortir de ce qui est connu et confortable, et d’embrasser et de célébrer la différence.

Le meilleur hôte est celui qui fait en sorte que chacun se sente chez lui, quelles que soient ses origines ou ses expériences.  C’est celui qui met son ego de côté pour s’intéresser véritablement à cette personne qui est venue lui rendre visite. C’est celui qui veut offrir à chacun la meilleure expérience possible. Le grand hôte est celui qui vient à la rencontre avec une curiosité sans bornes, désireux d’apprendre à connaître l’autre, sans avoir peur d’essayer quelque chose de nouveau.

Dans cet espace de réceptivité mutuelle, nous créons des liens, nous créons la surprise et nous développons un apprentissage profond. Nous quittons ces rencontres transformés. Nous avons touché ce qui, en nous et dans les autres, fait de nous des êtres humains…

C’est le moment précieux que nous offrent les arts. En tant qu’artistes de théâtre, nous devons trouver les moyens d’inviter les enfants et les jeunes à ces rencontres avec un esprit généreux, désireux d’écouter le public autant que nous voulons qu’il nous écoute.

Et lorsque cela se produit, nous sentons que la connexion commence à se développer… nous trouvons un terrain d’entente, nous partageons la situation dans son ensemble, nous avons des chocs esthétiques et nous ressentons cette bouffée de sentiment partagé que nous appelons l’empathie. Nous avons le sentiment que nous comptons, que les autres comptent, que ce que nous explorons ensemble, compte.

À notre époque où de plus en plus de personnes sont rejetées, refoulées aux frontières et dans les aéroports, rejetées parce qu’elles sont issues d’une classe, d’une ethnie, d’un groupe linguistique ou d’une religion différents, c’est l’artiste qui a la capacité de donner un sentiment d’appartenance, de connexion.

Et tous les enfants ont besoin de cela.