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Quand Bibu Biennial et ASSITEJ Suède ont présenté leur candidature pour accueillir un Assitej Artistic Gathering, ils ont fait un choix : ils ont décidé de suivre l’appel de l’agenda 2030 des Nations Unies qui est „Leave no one behind”. Cette déclaration est liée aux 17 objectifs de développement durable qui ont été formulés et approuvés par tous les pays membres du monde.

Si, pour les artistes et le public de Suède et de la plupart des pays d’Europe, l’idée de développement durable est assez familière, puisque la plus célèbre représentante et fondatrice du mouvement durable est Greta Thunberg, une jeune Suédoise, elle peut être moins évidente ou interprétée différemment dans d’autres parties du monde.

L’un des grands défis de La Rencontre Artistique  2022 a donc été de trouver un moyen de communiquer et de déterminer une compréhension commune du sujet. En outre, et c’était plus ambitieux encore, il s’agissait de proposer  des liens, des passerelles vers la manière dont nous, praticiens du TYA, souhaitons accueillir les aubaines et les devoirs d’un théâtre durable en tant qu’art et que pratique.

A Helsingborg ce mois de mai, ces mouvements de recherche et d’exploration ont pu être vécus dans différentes dimensions : au niveau le plus évident, en résonance au mot ” durabilité “, Bibu a travaillé sur ses émissions et son empreinte environnementale avec Bæredygtig Scenekunst NU du Danemark et a, par exemple, encouragé tous ses invités à boire de l’eau de robinet suédoise dans les gourdes Bibu conçues à cet effet ou à se rendre sur les différents sites non seulement à pied ou en transports publics mais aussi avec un vélo du festival, ce que quelques-uns de mes collègues ont fait avec plaisir. De même, il n’y avait pas de programmes imprimés pour le festival, à l’exception de ceux qui avaient été explicitement demandés, donc aucune ressource inutile n’a été gaspillée ici. Toutes les personnes intéressées par l’écologisation de leur pratique pouvaient également assister à un atelier organisé par Bæredygtig Scenekunst pendant le festival et découvrir des méthodes durables de production théâtrale.

En plus de cette dimension écologique, le rassemblement artistique s’est penché sur le sens et les perspectives sociales et culturelles d’un mouvement durable à travers les thèmes abordés sur scène : le programme international sélectionné présentait exclusivement des créations indigènes provenant de communautés indigènes du monde entier. Grâce à cette orientation, Bibu a permis aux invités du festival de découvrir des spectacles passionnants et fascinants comme “Shel we” de Le Moana Dance et des présentations autour des productions “Mantis and the Bee” de la Jungle Theatre Company sur les peuples des Premières nations d’Afrique du Sud et “Beyond Sensation” qui donne un aperçu de la culture paiwan. L’événement a également permis aux créateurs du jeune public de faire connaissance avec les arts indigènes, les méthodes de représentation, les contes et les tournées. La session “Remapping indigenous presence on stage” a ainsi constitué un point de départ très intéressant.

N’étant pas une adepte du terme “développement” et, pour cette raison, légèrement irritée par l’idée de “ne laisser personne derrière” (leave no one behind), car elle donne l’impression qu’il y a un seul bon chemin, une seule bonne direction vers un grand objectif, j’ai apprécié de participer à ces sessions et spectacles à Helsingborg qui ont montré clairement que ce n’était pas du tout le propos du festival ni le nôtre à l’ASSITEJ.

Il s’agit d’être capable de faire des choix et de laisser les autres avoir la même chance. Il s’agit de rechercher des alternatives à ce qui est “donné”, de nous remettre en question et d’apprendre d’une variété de communautés et de cultures comment elles déterminent notre voyage, nos chemins et nos objectifs possibles qui sont différents et variés mais qui peuvent toujours nous relier.

Dans ce sens, Moussa Thiam, metteur en scène et artiste activiste au Sénégal, a partagé une belle pensée dans l’atelier „Inter-Generational: A dialogue on fairness for future“:  selon lui, les artistes sont très doués pour faire des détours. Ils peuvent être ralentis ou arrêtés par des obstacles et des frontières, mais ils trouveront ou créeront toujours un chemin caché ou nouveau pour contourner ces obstacles et ne seront donc jamais arrêtés.

Dans le large éventail de séminaires et d’ateliers reliant la durabilité à l’accessibilité et à la justice sociale, ainsi que dans les rassemblement artistiques – la série de séminaires au cœur de chaque Artistic Gathering – il est apparu clairement que nous, en tant que communauté jeune public, sommes prêts à aller de l’avant et à embrasser le changement qui est nécessaire, si nous voulons assurer un avenir pour nous tous et surtout pour ceux qui viendront après nous. C’était également le ton de l’incroyable session du réseau de recherche sur le théâtre jeune public (ITYARN), qui est allée de la présentation du réseau à un dialogue ouvert et amical avec toutes les personnes présentes dans l’espace et celles en ligne, sur la façon dont nous pouvons partager nos pratiques et nos recherches pour apprendre les uns des autres et travailler entre disciplines, dans ce cas entre création et science.

Sur la base des inspirations et des objectifs du dernier rassemblement artistique, qui s’est terminé par un vote sur les cinq actions les plus urgentes en matière de durabilité pour nous, ASSITEJ, j’attends avec impatience de pouvoir nous REGENERER (REGENERATING) pendant encore deux ans, selon la dramaturgie que nous avons déterminée pour les trois prochaines années, et de connecter tous celles et ceux qui veulent participer à cette rencontre.