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Après ce qui a semblé toute une vie au loin, 2022 a sonné le retour en force des retrouvailles en présence, et en grand nombre ce qui a certainement ravi les organisateurs de festivals dans le monde. Quelle excitation de se rencontrer en personne et de faire à nouveau l’expérience du spectacle vivant dans la même salle avec les artistes et le public, ce que, je crois, personne ne tenait plus pour acquis !

La plupart des festivals ont pris en charge l’urgence climatique et appelé à une prise de conscience des pratiques professionnelles durables à adopter, en invitant en particulier à une réflexion sur la manière de mener le travail international de façon soutenable. Cela n’est pas nécessairement contradictoire, comme nous pouvons l’observer dans un certain nombre de collaborations internationales nées ces derniers mois, qui combinent les compétences numériques que nous avons tous acquises durant la période de la pandémie et le travail actuel dans chaque pays. J’ai eu le privilège de prendre part à certaines.

Le bien le plus précieux dans le travail en réseau à l’international est réellement la création de plateformes pour partager l’information. Nous sommes tous vraiment contents de voir les festivals revenus en présence conserver une part de leur programme en ligne, donnant ainsi accès à des professionnels mais aussi à des enfants partout, ce qui était inimaginable il y a trois ans. Une communauté élargie est en capacité de se connecter, de prendre part au travail, d’être inspirée bien sûr, de travailler en réseau.

La professionnalisation du tournage de spectacle vivant ou de la création/l’adaptation à l’écran, en particulier des productions chorégraphiques, a ouvert une voie nouvelle pour atteindre des publics partout, élargissant conséquemment l’accès aux arts vivants. Le nombre de collaborations internationales pour des films s’accroit et cela a aussi un impact sur les expositions et les archives, ouvrant de nouveaux espaces pour documenter et partager notre travail.

Concernant les modalités de tournée écologiquement soutenables, je voudrais mentionner Perform Europe, un travail collectif qui a rassemblé en ligne des centaines de professionnels pendant plusieurs mois, créant démocratiquement un modèle pour des plans de tournées internationales plus écologiques. Le projet final s’est terminé par la présentation de 19 projets de tournées de productions inclusives et diverses  qui n’auraient habituellement pas accès aux financements européens. IIAN (Inclusive International ASSITEJ Network), le réseau de l’ASSITEJ pour l’inclusion des artistes et publics, était un des meneurs des tournées pilotes, au sein d’un partenariat en ligne entre des professionnels de 7 pays. Ceux-ci ont créé deux tournées de World without Eyes de la compagnie lithuannienne DANSEMA Dance Company, une création chorégraphique pour enfants malvoyants et la projection de A Little Space, par Mind the Gap (Royaume-Uni), un spectacle filmé dans lequel tous les acteurs ont des difficultés d’apprentissage. L’ensemble du processus est visible en ligne sur https://performeurope.eu/home.

Dans notre travail à l’ASSITEJ, nous nous efforçons de multiplier les canaux en ligne pour connecter nos membres globalement. Nous investissons ainsi fortement les infrastructures numériques de l’association, des Coffee Sessions aux Umbrella Sessions en passant par les différents groupements d’intérêt à l’intérieur de l’organisation, comme les Centre nationaux de l’ASSITEJ de petite tailles, grâce au financement européen récemment obtenu.

Il est indispensable que les multiples fonds créés partout dans le monde pour soutenir les artistes et les compagnies indépendants pendant la pandémie se pérennisent. Nous avons observé la puissance créative déployée dans ces démarches et dans le financement disponible pour la recherche, ainsi que les opportunités démultipliées de résidences. Là auront certainement été plantées beaucoup de graines pour de futures collaborations internationales.